Après notre deuxième week-end de labeur, à Borroloola (où nous avons excellé en tant que malbouffe provider des antipodes), nous avons décidé de consacrer notre temps libre à l'exploration des environs... à posteriori, nous pouvons dire qu'il n'y avait rien dans ce milieu de nulle part, mais il fallait le voir pour s'en persuader...c'est donc comme de jeunes backpackers libérés de la contrainte parentale (nos employeurs, très protecteurs, étant partis pêcher le barramundi sur une embarcation de fortune au milieu d'une rivière infestée de crocodiles) que nous démarrons le van en grande trombe pour aller sur la côte. Comme le van a un souffle au moteur, nous décidons d'aller voir le (et non pas un...Borroloola powa) garagiste. A priori (ie. diagnostic du patron de la baraque à frite...), ce sont les bougies, mais pour les avoir testées une à une (en pétant la clé de 13 sur la 3ème, trop bien vissée...après avoir forcé comme un pou), nous nous doutons que le mal est ailleurs et qu'il vaut mieux consulter un spécialiste. Une heure plus tard, nous savons que c'est l'ignition point qui cloche...une pièce peu chère qu'il faudra remplacer plus tard faute de matériel adéquat dans la bourgade. L'enfoiré de garagiste (qui a aimablement nettoyé et rebranché correctement la pièce endommagée) en a aussi profité pour nous remplacer les 4 bougies, élevant la facture à 80$.
Enfin, il faut bien qu'il fasse son beurre...
Sur le parking poussiéreux du garage, alors que nous nous apprêtons à partir, un vieux type un peu louche vient nous voir et nous dit que c'est notre jour de chance car on vient de gagner 1million de dollars. Dans sa main tendue vers nous, un vrai faux billet vert affichant la somme évoquée... Je le regarde en souriant, l'ait étonné. Il se présente en tant que prêtre et commence à me parler religion : « Il y a encore beaucoup de place en haut, mais il en reste aussi beaucoup en bas... » me dit-il. Puis : « Garde ce billet, même s'il ne te rendra pas riche, il te portera chance ». Je prends le billet en le regardant s'éloigner... dans un encart du billet, des lignes minuscules et délicieusement prosélytes aboutissent sur une adresse web. Pourquoi pas...je pose le billet sur le tableau de bord et nous sautons dans le van. En route pour l'aventure !
Après 20 km, un panneau indiquant une bifurcation apparait : Bing Bong ou King Ash Bay, il faut choisir...Bing Bong étant plus éloigné, nous décidons d'aller d'abord à King Ash Bay, par simple curiosité. La route est dégueulasse...des bosses, du sable. Par endroits l'état s'améliore, mais on ne sait pas ce qui nous attend 50 mètres plus loin. Arrivés à King Ash Bay...un seul mot, à prononcer à l'espagnole : « deception ». Nous entamons le chemin du retour. Autour de nous ; la savane, des marécages dignes de « crocodile dundee ». Le dépaysement est total. Nous prenons des photos depuis le van.
Quand soudain, à seulement quelques centaines de mêtres de la route goudronnée, nous heurtons une bosse de sable un peu plus importante que les autres. Je perds le contrôle du véhicule, qui vire à gauche comme une savonnette ! Je contrebraque, le véhicule change de direction mais l'arrière du van nous entraîne en nous empêchant de reprendre de l'adhérence. Gauche, droite, gauche...impossible de remettre le véhicule sur la trajectoire. Nous fonçons maintenant droit vers un arbre, un dernier coup de volant desespéré nous permet d'éviter le pire : nous percutons l'arbre sur le coté.
On peut voir les éclats du pare-brise arrière en bas à gauche de l'arbre |
Le choc est brutal, le van se retourne. Nous glissons pendant d'interminables secondes sur le toit avant que celui ne retombe sur ces 4 roues. Complètement étourdis, nous nous regardons. Chacun demande à l'autre si tout va bien. Puis nous sortons du véhicule par une fenêtre brisée. La roue avant gauche est crevée, peut être est elle à l'origine de la perte de contrôle. Quelques secondes plus tard, un véhicule s'arrête sur le bord de la route et des gens nous viennent en aide.
Amélie ayant une entaille au tibia, les gens lui demandent de s'allonger sur un drap. Moi, surement sous l'effet de l'adrénaline, je cours dans tous les sens pour prendre des photos, regarder le matériel que l'on peut sauver et ramasser les éléments utiles éparpillés sur la route. Les gens me demandent de me calmer, mais je leur fais comprendre que tout va bien...
Parmi les objets disséminés sur la route, le billet vert...nous a-t-il porté malheur ou chance ? Difficile de ne pas céder à un élan de superstition.
L'ambulance arrive, nous sommes en route pour le dispensaire car ici le premier hopital est à 7h de voiture ! Après une consultation de routine, nous pouvons repartir, tout va bien. Même si j'ai évité de justesse un rapatriement par avion à Darwin pour faire des radios...
Il ne nous reste plus qu'à attendre la dépanneuse. Après le choc, la prise de conscience :
Adieu veau, vache, cochon, poulet...Avec le van, c'est à la fois notre maison et nos économies qui s'envolent. Assis sur le perron du garage, Amélie avec une chaussure en moins (définitivement perdue dans l'accident), nous attendons la dépanneuse, abbattus.
Fort heureusement, Borroloola est une petite bourgade où la solidarité est de mise. Le garagiste nous propose gracieusement de déposer le van sur le Rodeo Showground (où nos patrons ont laissé leur camping car pour la semaine) et de revenir le chercher dans une heure de façon à ce que l'on ait le temps d'en extraire toutes nos affaires.
Le conducteur a eu de la chance... |
...ou une toute petite tête :) |
Le moral en berne, nous entamons donc une chasse au trésor à l'intérieur de la carcasse dévastée :
Voilà comment nous nous sommes retrouvés au soir du 23 Aout, dans un bungalow de luxe, luttant contre le sentiment d'être deux grands enfants pris en charge après avoir fait une grosse bêtise...
Ah ouai quand même! Contente de savoir que vous n'avez rien, malgré l'état du van qui fait bien flipper!!!!
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