Non, ce n'est pas un jeu de mot vulgaire... ce site existe vraiment !
50 bornes au nord de Carnarvon, à l'issue d'une route déserte : le parking, une étendue de rocaille érodée comme un gruyère aux angles acérés, des bouées de sauvetage rouges, trop éloignées de la rive à mon goût et une stèle, en béton poussiéreux incrusté d'une plaque de cuivre oxydé, où figure, gravé, le nom d'une imprudente emportée par la fureur des jets sous pression, un jour de mer agitée. King Waves Kill mentionne d'ailleurs un panneau à l'entrée du site...
Plus loin, au bord des courtes falaises, après s'être fait lacérer les chaussures où les pieds _ pour les inconditionnels de la tongue_ par le crépit rocailleux, nous pouvons apercevoir les premiers Blowholes : des cheminées creusées naturellement dans la roche, d'où jaillissent de véritables trombes d'eau sous pression. Un kärsher géant (pour faire plaisir à Sarko) qui fait un gros pshiiiiit (n'oublions pas Jacques Chirac) lorsque l'eau, poussée par les vagues dans des chambres situées sous la roche, est propulsée violemment à travers les étroites failles menant à la surface.
Sans transition, la parenthèse de l'apprenti pêcheur :
La veille au soir, j’ai tenté de pêcher en mer inshore pour la première fois, sur un ponton du port de Carnarvon. N’ayant plus de crevette à disposition (le reliquat du sachet, devenu trop nauséabond, a tranquillement pu terminer son cycle de décomposition à l'intérieur de la poubelle d'un particulier, qui avait à priori l'air d'y stocker du sable...) et Amélie ayant renversé un large plat de nouilles dans le jardin du port l’avant vieille, j’ai donc pu inaugurer la « pêche a la nouille ».
Perché non loin de moi sur le ponton, un Mauricien, faisant tremper sa ligne à bonne distance de la rive, me regarde avec des yeux ronds comme des billes : « Eh mec, tu vas rien attraper avec ça ! ». Puis, sortant un premier poisson de l’eau, il me fait : « Tiens, tu le veux ? Il est trop petit pour moi… ». J’accepte avec grand joie et reconnaissance ce fruit de la générosité des îles, tranche les parties non comestibles du poisson et remplace la nouille qui pendouille tristement, tel un lombric enrhumé (morveux et trop élastique), au bout de l’hameçon. Je regarde mon nouveau camarade de loisir, mi-sceptique, mi-admiratif, lancer majestueusement sa ligne à 20 mètres du rivage pour atteindre les eaux profondes. De mon côté, très modeste, je continue à utiliser le faible poids cumulé de l'appât et du bouchon pour projeter péniblement ma ligne, dans un pitoyable mouvement de balancier, juste au pied du ponton. Le courant jouant évidemment en ma défaveur, il ne faut que quelques secondes pour que la ligne disparaisse entièrement sous la plate-forme, m'obligeant à mouliner comme un cycliste cul-de-jatte et à rejouer honteusement le spectacle de « Pierrot, pêcheur timide».
Le Mauricien, amusé, me dit : « Hé mec, t’arriveras pas à attraper un poisson si tu jettes pas la ligne plus loin, il te faut mettre un poids… ». Ni une, ni deux, j’attache un poids à la ligne. La nuit est presque tombée, l'opération me prend bien 20 minutes. Je suis fin prêt. Il va voir ce qu'il va voir l'expert en lancer d'hameçon. Je me redresse, gonfle mes pectoraux en levant bien haut la canne, et lance de toutes mes forces le poids et ses éléments voisins, d'un coup sec vers l’avant. ‘PLOUF’ !!!
Tenant bien la pause, en pleine extension, je lève imperceptiblement les yeux vers le bout de ma canne, qui s'est incontestablement allégée... ne reste plus qu’un petit bout de fil, rompu, flottant nonchalamment au vent…
Adieu veau, vache, bouchon, appât, poids et hameçon…Le Mauricien, figé sur place, hallucine littéralement. Je l'entends penser : « Mais c’est quoi ce type ? Il sort d'où ? ». Bref, la pêche à l’Italienne, c’est pas son truc...
Là, il sort un superbe mulet du large et me dit : « Tu le veux ? Moi je pêche pour le plaisir… ». D'abord partagé entre l'envie de l'insulter et celle de le remercier, j’accepte finalement sa prise, très reconnaissant, le salue cordialement, plie bagages et retourne rapidement au van en rasant les murs. C'est l'heure, passée..., de préparer le repas du soir !
Retour à Blowholes…
Nous longeons le Lac Mac Leod jusqu'à Quobba avant de quitter la région pour de nouvelles aventures !
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