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jeudi 21 juillet 2011

Karijini National Park

Ce matin, nous décidons de partir à la fraîche à l'assaut du Mont Bruce : 2nd plus haute montagne du Western Australia. Sur les photos suivantes, c'est la grosse colline façon « volcan Volvic » que vous apercevez.





Déçus ? Bah, oui on aurait dû prévenir, le Western Australia est un pays plat. Pour nous qui arpentons les routes rectilignes d'Australie depuis 2 mois, ces petites collines sont de jolies rencontres.


Après avoir laissé Lilian deviser avec plusieurs lézards, nous repartons en direction des «  Dales Gorges » situées au cœur du Karijini National Park. Arrivés à l'entrée, pas de gardien, comme souvent. L'entrée des parcs nationaux s’élève en général à 11$, mais il est rare qu'il y ait quelqu'un pour tenir la caisse. Le principe est alors simple : vous prenez une petite enveloppe, vous glissez la somme due dans l'urne et vous coincez le reçu sous votre pare-brise...Sauf que ce matin, il nous prend l'envie de ne pas payer.
Rattrapés par notre sens moral, nous mettons notre monnaie en commun, réussissons à réunir la coquette somme de 5$, glissons le tout dans l'enveloppe (les plus matheux d'entre vous auront noté que nous tentons donc de resquiller 6$) et commençons notre carrière de bandits juniors.

Pour ajouter à notre forfait, j'omets d'indiquer ma plaque d'immatriculation et signe du faux nom de « Douglas »...à ce compte là, nous aurions sans doute mieux fait de ne rien payer du tout...mais que voulez vous, nous sommes des voyous amateurs.

Après avoir laissé la voiture sur le parking (et vérifié qu'aucun Ranger n'était à notre poursuite), nous commençons notre marche vers les « Dales Gorges ». Cette immense faille ferreuse abrite une source, une cascade, une piscine naturelle et une luxuriante végétation sur plus d'un kilomètre.






Après une descente à pic, nous nous retrouvons dans les profondeurs de la gorge : il fait frais, la ballade est agréable. 





Nous cédons même à la tentation de piquer une tête...




Retour sur le parking, nous apercevons notre van et constatons non sans soulagement qu'aucun Ranger ne nous attend pour nous faire avouer notre larcin. Nous démarrons donc, fiers de nous, et prenons le chemin du retour.
Mais ! Malheur ! A seulement quelques metres de la sortie, alors que nous discutions déjà de la façon de dépenser les 6$ dérobés : barrage de police ! On nous fait signe ne nous arrêter. J'échange un regard avec Lilian : c'en est fini pour nous, les carottes sont cuites, le vers est dans la pomme, la cabane est tombée sur le chien : nous allons finir au trouuuuuuu !
Pas assez farouche pour accélérer de plus belle et passer outre l'injonction de m'arrêter (éh oh, on est pas dans un film), je gare le véhicule sur le bas coté, baisse ma vitre et bredouille en tendant mon faux reçu (signé « Douglas », rappelons le) :
- « Pardon, nous n'avions pas assez de monnaie, nous n'avions que 5$...Nous vous demandons pardon...je vous en supplie, nous sommes trop frêles pour supporter la prison... » ou quelque chose du genre. Le flic lève un sourcil en me répondant que ça doit pas être bien grave, que je peux en parler aux Rangers si j'ai envie, mais que lui en attendant, ce qu'il aimerait bien, c'est que je souffle... dans l'alcootest !

(Eh oui, vous avez bien lu, un alcootest en plein milieu d'un parc national...)

Comme je réussis brillamment l'épreuve, le policier me fait signe de partir. Résistant à l'envie farouche d'embrasser ce fonctionnaire peu zélé, nous redémarrons et quittons le parc...peu fiers de la tournure ridicule de notre première incartade Australienne et de la façon dont nous nous sommes dénoncés au premier venu...nous avons encore un long chemin à parcourir sur les traces de Jessie James...

Tom Price (Pouet Pouet)

Vous aimez les gros camions qui consomment 20 litres au km, qui ont des pneus plus gros que votre bagnole (des Bridgestone à 80k$ pièce...) et pouvant transporter 440 tonnes de minerai de fer ? Tom Price est faite pour vous ! Cette ville a été construite en 1965 !!! dans le seul but d'héberger les mineurs de fer et s'est développée jusqu'à aujourd'hui, au milieu des terres arides recouvertes de végétation hostile (petits bosquets à aiguilles qui piquent et grattent horriblement pieds et chevilles...), pour devenir un patelin plutôt agréable. Quoiqu'il en soit, ici, c'est le pays du minerai de fer, du plus grand train du monde, des 4x4 et des gros camions...
Nous passons la matinée à visiter la mine (à ciel ouvert). Il y a :
  • des gros camions !


  • de gigantesques infrastructures métalliques teintées par la poussière et la rouille, dont le but est de récupérer le minerais déposé par les camions, le trier par richesse en fer, le traiter et l'acheminer vers une locomotive de 200 wagons qui traverse quotidiennement le bush jusqu'aux villes côtières de Port Hedland (notre prochaine destination) et Dampier. 



  • un immense cratère dans le paysage, creusé par l'homme, donnant l'impression que les montagnes ont été rognées. D'ailleurs, on ne voit pas tout... car tous les mastodontes sur roues que nous voyons passer contournent le gouffre pour plonger derrière la colline, où se trouve sans nul doute la carrière en cours d'exploitation.


  • Deux énergumènes posant devant une colossale pelle mécanique.


Ça y est, la douce folie de Tom Price nous gagne et nous commençons à aimer les gros camions. Amélie veut même s'acheter un T-shirt sérigraphié du Monster Truck à l'office du tourisme.
Il est vraiment temps reprendre la route pour le Karijini National Park !

Le même soir, camping sauvage dans le bush : nous savourons un nouveau barbecue sur grille, sous la lueur bienveillante de la lune...




mardi 19 juillet 2011

Exmouth

Cool, enfin une ville qui dispose d'un distributeur de billets ! Vraiment pas de bol, il est out of order.... nous n'avons plus de fric, plus d'essence, le voyage touche à sa fin. Nous allons mourir ici. Nous décidons d'aller sur Internet avec nos ultimes deniers : la connexion bagotte trop, nous ne pouvons publier qu'un post qui a déjà plus d'une semaine de retard. Pendant ce temps, à l'accueil : « Yeah, the connection is up and down you know... ». Heureusement, Amélie est là pour lui rentrer dedans à coup de « screw you », expression que je n'aurais pas dû lui apprendre quelques jours plus tôt sans lui en fournir la signification, et lui faire comprendre que ça ne va pas se passer comme ça. Nous obtiendrons un rabais de 3$. Ce n'est pas sans rappeler l'histoire du « mud cake » acheté à Geraldtown par Amélie. Petit flashback que nous avons omis de raconter : Amélie et Lilian vont à l'épicerie pour acheter des gâteaux ! Hum, c'est bon ! Oui, mais voilà, après 5 bouchées, Amélie aperçoit un petit corps blanc tout cuit lové dans le moëlleux brun-chocolaté de son cake : a flour worm very well cooked . Nous décidons d'aller réclamer : « I found this in my cake. Is it normal ? » demande Amélie (Etant le vendeur, j'aurais répondu qu'on ne sait pas ce qui peut se trouver dans un « gâteau boue »... désolé) Le vendeur plonge directement dans sa caisse et nous obtenons le remboursement de l'intégralité des gâteaux. Joli coup et merci Amélie !

Nous décidons d'aller transpirer notre peine sur les hauteurs du Cap Range National Park. Le paysage, avec ses cayons et ses gigantesques éboulis est splendide, même si nous manquons de peu de planter notre van sur une road particulièrement dirty et fréquentée de boomers (grands kangourous crétins qui traversent la route n'importe comment).




Pour la petite histoire, nous avons failli nous perdre dans le canyon. Nous étions les seuls à faire la randonnée en milieu d'après-midi, vers 15h. Pas un chat. Le circuit, faiblement balisé, finissait de nous perdre dans son relief et les minutes passaient inexorablement, ce que ne manquait pas de souligner l'affaiblissement de la luminosité du soleil...perdant la piste à plusieurs reprise, rebroussant chemin pour rejoindre des balises, contournant des obstacles infranchissables, interminables, nous avons cru devoir finir dans le bush avec la nuit. Heureusement, contre toute attente, alors que nous n'y croyions plus, le panneau providentiel du retour a émergé du désordre végétal, derrière un buisson. Sauvés...

Le lendemain, nous explorons l'autre côté du parc : gorges rouges de fer oxydé à Mandu-Mandu. Nous croisons par chance un des rares « wallaby à pattes noires des rochers » sur la falaise.



Ensuite, sous un ciel nuageux, nous étrennons nos équipements de snorkeling à Oyster et Turquoise Bay, mais là encore, l'eau est trop froide pour y barboter durablement. Nous arrivons quand même à profiter du spectacle des poissons multicolores dans les coraux.


L'épave de Surfers Beach

Le surlendemain, beaucoup de vent et de pluie. J'essaie de pêcher en bord de mer : je pête d'abord la canne à pêche en 2, puis je la rafistole avec un bout de scotch. Ensuite, je pars attraper des sauterelles (avec une raquette de bad') dans la pampa, en guise d'appât. 


petit, petit, petit...

Quelques smashes plus tard, je suis en bord de plage et tente de lancer le bordel suffisamment loin pour atteindre le large, mais la marée est basse et il y a beaucoup de vent contraire : le fil s'emmêle, la ligne rompt à plusieurs reprises, je perds tous mes bouchons, 3 hameçons et autant de plombs. En fait, c'est la grosse tempête et je décide de me barrer du bord de plage en courant...


De son côté, Amélie continue ses lectures et colle du scratch sur le plafond du van pour accrocher des lampes...qui ne tiennent toujours pas à l'heure où je vous écris.
La nuit arrive, il faut se nourrir. La tempête empêche toute activité d'extérieur et nous finissons comme des misérables à cuisiner des raviolos, le réchaud calé entre 2 planches, sur le lit. Enfin, séance vaisselle difficile dans la roulotte.


Le sursurlendemain, c'est cool ! Le distributeur fonctionne enfin ! Nous décidons de faire une journée fiesta qui se terminera par un giga barbec autour d'un feu de camp. Faute de grille, nous trouvons une énorme pierre sur la plage que nous immolons par le feu. Une fois brûlante, ce sont les steaks, entrecôtes et autres saucisses que l'on y couche à tour de bras pour un festin mémorable :)



Le sursursurlendemain, nous décidons de partir. Le temps est décidément trop pourri, le distributeur est de nouveau en panne, les croisières pour voir le requin-baleine sont à 300 boules par tête et full-bookées jusqu'à la semaine suivante. A l'unanimité, nous votons « cassos » !

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Coral Bay

Comme son nom l'indique, ce site abrite une large variété de coraux dans ses eaux turquoises et se prête ainsi au snorkeling (plongée avec masque et tuba pour observer the marine wildlife).
Ce jour là, il faisait beau et chaud, les kangourous écrasés pullulaient sur le bord des routes : une belle journée en perspective.
La ville de Coral Bay est en réalité un camping géant où les vieux australiens de toute la région viennent branler leurs derniers jours pépère, écrasés à longueur de journée sur leurs chaises amovibles flashy, buvant de la bière Xtra-dry, s'empiffrant de poulet low cost et rigolant comme des bossus à chaque grossièreté. Devant ce modèle de bonheur inaccessible, des plus jeunes pataugent dans les eaux peu profondes et transparentes de la plage. Plus loin, quelques familles de pêcheurs ont posé leurs habitations en tôle ondulée sur les hauteurs des dunes et, en contrebas, un bloc de tôle et de brique concentrant le business touristique fourmille de touristes : les sorties en mer pour voir les requins-baleine (espèce fétiche de la région), les raies manta et autres tortues géantes, dugongs, dauphins, baleines à queue sont blindées et coûtent bonbon. Il est même possible de snorkeler avec elles, ces espèces étant inoffensives. Manque de chance, nous avons oublié de retirer du cash et nos comptes australiens tirent la langue...tant pis, on se contentera de la baignade avec les requins.
L'eau est gelée...tant pis, on va passer l'après midi à larver sur le sable. Amélie, munie de son pavé de Katherine Pancol (800 pages) « Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi » retrouvé abandonné dans un coin du Van par les précédents proprios, me signifie qu'elle n'en pense « rien »...
Moi, je termine péniblement l'« Ennemi public » coécrit par Michel Houellebecq et BHL, accumulation de références philosopho-littéraires étrangères à ma connaissance de nourrisson, mais néanmoins divertissant.

Il fait encore trop froid dans le coin et la proximité de l'océan accentue notre frustration. Nous décidons de partir pour aller plus au nord, à Exmouth.
Sur la route, nous croisons une nuée de termitières géantes...assez amusant !




Blowholes

Non, ce n'est pas un jeu de mot vulgaire... ce site existe vraiment !
50 bornes au nord de Carnarvon, à l'issue d'une route déserte : le parking, une étendue de rocaille érodée comme un gruyère aux angles acérés, des bouées de sauvetage rouges, trop éloignées de la rive à mon goût et une stèle, en béton poussiéreux incrusté d'une plaque de cuivre oxydé, où figure, gravé, le nom d'une imprudente emportée par la fureur des jets sous pression, un jour de mer agitée. King Waves Kill mentionne d'ailleurs un panneau à l'entrée du site...
Plus loin, au bord des courtes falaises, après s'être fait lacérer les chaussures où les pieds _ pour les inconditionnels de la tongue_ par le crépit rocailleux, nous pouvons apercevoir les premiers Blowholes : des cheminées creusées naturellement dans la roche, d'où jaillissent de véritables trombes d'eau sous pression. Un kärsher géant (pour faire plaisir à Sarko) qui fait un gros pshiiiiit (n'oublions pas Jacques Chirac) lorsque l'eau, poussée par les vagues dans des chambres situées sous la roche, est propulsée violemment à travers les étroites failles menant à la surface.




Sans transition, la parenthèse de l'apprenti pêcheur :
La veille au soir, j’ai tenté de pêcher en mer inshore pour la première fois, sur un ponton du port de Carnarvon. N’ayant plus de crevette à disposition (le reliquat du sachet, devenu trop nauséabond, a tranquillement pu terminer son cycle de décomposition à l'intérieur de la poubelle d'un particulier, qui avait à priori l'air d'y stocker du sable...) et Amélie ayant renversé un large plat de nouilles dans le jardin du port l’avant vieille, j’ai donc pu inaugurer la « pêche a la nouille ».
Perché non loin de moi sur le ponton, un Mauricien, faisant tremper sa ligne à bonne distance de la rive, me regarde avec des yeux ronds comme des billes : « Eh mec, tu vas rien attraper avec ça ! ». Puis, sortant un premier poisson de l’eau, il me fait : « Tiens, tu le veux ? Il est trop petit pour moi… ». J’accepte avec grand joie et reconnaissance ce fruit de la générosité des îles, tranche les parties non comestibles du poisson et remplace la nouille qui pendouille tristement, tel un lombric enrhumé (morveux et trop élastique), au bout de l’hameçon. Je regarde mon nouveau camarade de loisir, mi-sceptique, mi-admiratif, lancer majestueusement sa ligne à 20 mètres du rivage pour atteindre les eaux profondes. De mon côté, très modeste, je continue à utiliser le faible poids cumulé de l'appât et du bouchon pour projeter péniblement ma ligne, dans un pitoyable mouvement de balancier, juste au pied du ponton. Le courant jouant évidemment en ma défaveur, il ne faut que quelques secondes pour que la ligne disparaisse entièrement sous la plate-forme, m'obligeant à mouliner comme un cycliste cul-de-jatte et à rejouer honteusement le spectacle de « Pierrot, pêcheur timide».
Le Mauricien, amusé, me dit : « Hé mec, t’arriveras pas à attraper un poisson si tu jettes pas la ligne plus loin, il te faut mettre un poids… ». Ni une, ni deux, j’attache un poids à la ligne. La nuit est presque tombée, l'opération me prend bien 20 minutes. Je suis fin prêt. Il va voir ce qu'il va voir l'expert en lancer d'hameçon. Je me redresse, gonfle mes pectoraux en levant bien haut la canne, et lance de toutes mes forces le poids et ses éléments voisins, d'un coup sec vers l’avant. ‘PLOUF’ !!!
Tenant bien la pause, en pleine extension, je lève imperceptiblement les yeux vers le bout de ma canne, qui s'est incontestablement allégée... ne reste plus qu’un petit bout de fil, rompu, flottant nonchalamment au vent…
Adieu veau, vache, bouchon, appât, poids et hameçon…Le Mauricien, figé sur place, hallucine littéralement. Je l'entends penser : « Mais c’est quoi ce type ? Il sort d'où ? ». Bref, la pêche à l’Italienne, c’est pas son truc...
Là, il sort un superbe mulet du large et me dit : « Tu le veux ? Moi je pêche pour le plaisir… ». D'abord partagé entre l'envie de l'insulter et celle de le remercier, j’accepte finalement sa prise, très reconnaissant, le salue cordialement, plie bagages et retourne rapidement au van en rasant les murs. C'est l'heure, passée..., de préparer le repas du soir !

Retour à Blowholes…


Nous longeons le Lac Mac Leod jusqu'à Quobba avant de quitter la région pour de nouvelles aventures !

Au boulot !

Le samedi, nous revenons à Carnarvon pour visiter le marché ainsi que les derniers coins sympas.
(comment : un vieux cimetière aux airs de terrain vague, merci Lonely Planet...)


Un peu abattus par la recherche d'emploi infructueuse, Amélie brave à nouveau le désespoir et n'hésite pas à demander le diable (autre nom du travail pour un australien de souche) à une vendeuse de légumes qui, oh stupéfaction ! connaît qqu qui a besoin de main d'oeuvre. Le dénommé Juanito, ou « bebe » _prononcer bibi_ pour les intimes... pourquoi s'en priver !
Nous nous pointons chez bibi sur le champ et c'est parti pour la gloire : « You start this afternoon ». Autant dire que chez bibi, ça mouline vite ! Cet asiatique à 400% possède une petite exploitation de légumes (tomates, haricots, poivrons, etc.) et de fruits tropicaux (bananes) ou pas (pommes, fraises). Nous ne comprenons presque rien de ce qu'il raconte et ça tombe bien, car lui non plus. Les gestes sont bien plus explicites :)
On ramasse d'abord des haricots : Il ne faut pas qu'ils soient trop petits ! Nous entamons alors un travail éminemment intellectuel consistant à les repérer d'abord, puis les sélectionner en fonction de leur taille, les cueillir et les disposer par rangées dans une boîte, queue vers l'intérieur. Inexpérimentés que nous sommes, nous passons plus de temps à bien les choisir qu'à remplir les cagettes. Payés au rendement que nous sommes, nous gagnons péniblement 30$ à 2 en une aprem. C'est la loose...
Le lendemain, bibi, certainement impressionné par notre rendement de la veille, nous demande de ramasser des mauvaises herbes pour un forfait de 150$. On se dit : « bon facile, pour ce prix là ça doit prendre une demi-journée à tout péter ». T'inquiète, ...levés à 7h du mat', à 16h on y était encore à se péter les bras et le dos sur des mini-arbustes enracinés jusqu'au trognon, tout au long des travées de légumes.
Le surlendemain, c'est l'apothéose. On nous demande de cueillir des tomates : « See Kim, See Kim ! » nous fait bibi avec un geste pointant l'autre bout du champ. Quelques minutes de marche plus tard, aux antipodes de l'exploitation, entre deux plants de tomates, nous pouvons apercevoir un gnome au crâne étroit, en blanc de travail et affublé d'un masque à gaz post-catastrophe nucléaire en train de pulvériser depuis son tracteur des tonnes d'insecticide sur des pieds encore immatures. A notre vue, il saute de son engin et se met à bondir frénétiquement de pied en pied pour nous montrer sa technique et le fruit de sa cueillette. Incrédule, je le vois arracher à tour de bras des tomates complètement vertes. Ça a l'air facile. J'arrache donc une tomate pas mûre et la lui tends fièrement, confient d'obtenir en retour un signe d'acquiescement. Le voilà qui s'en saisit et qui me fait : «No, No, No, No, No, No ». Retenant mon envie de lui cogner le casque pour le rebooter, je regarde avec plus d'attention ce qu'il a cueilli, je regarde à nouveau le légume dans ma main... ??? No comprendo, aucune différence... il en recueille une bonne, je la regarde... ??? Bon, chou blanc, je passe. Pendant ce temps, Amélie cueillait de bonnes tomates pas mûres et remplissait la caisse...
Il se trouve que toutes les tomates étaient vertes mais avaient des nuances de blanc, de jaune, de rouge...
Bref, mon daltonisme deutéranopte deutéranormal n'était pas le bon outil pour ce taf, je n'ai donc servi à rien, au sens le plus strict du terme. Je me suis contenté de pousser le chariot pendant qu'Amélie le remplissait seule, péniblement. Quand nous apprîmes que la benne de tomates (équivalent de 5h de boulot) nous rapporterait 30$, nous décidâmes de mettre un terme à notre collaboration avec bibi.
Résultat des courses, 185$ à deux, en 2/3 jours de boulot. C'est vraiment misérable ! Malgré cela, mon ancien travail ne me manque toujours pas...


Une semaine à Carnarvon

Article du Lonely Planet page 1013: « Carnarvon fournit 70% des fruits et légumes tropicaux de l'état ».
C'était avant les inondations de l'été dernier... note importante, si ce n'est essentielle, ne figurant pas dans notre bible du voyageur pour croyants très ignorants.
Arrivée à l'office du tourisme : Vous cherchez du travail ? Vous êtes étranger ? Well... hum... just...help yourself !
Vous cherchez un hébergement gratuit en ville ? Well...hum...just...xxxx yourself !
Nous avons donc passé 2 nuitées en camping payant _ après avoir fait le tour de tous les caravan parcs de la ville pour trouver le moins cher (25$/n et « oh sorry, yeah I don't know, Internet is not working ! »)_et avons frappé à quelques portes pour tenter de décrocher un boulot.
Voici une photo d'Amélie au « Carnarvon caravan parc », juste avant qu'elle ne branche les guirlandes lumineuses de la fête foraine pour les moustiques à l'intérieur du van :


De temps à autre, afin de remonter un moral entamé par les panneaux « NO ENTRY, NO WORK, NO JOB » (insuffisamment explicites, puisque Amélie mourrait d'envie d'enjamber la clôture pour aller étreindre de toute sa compassion l'agriculteur meurtri dans sa terre et lui demander s'il ne lui restait quand même pas un lopin de boue à cultiver) placardés aux portails des exploitations agricoles, nous allons au supermarché. Il est amusant d'y lire la collection d'affichettes rédigées à l'attention des touristes étrangers et principalement des Français, seul peuple à mériter une casse en gras...

...et un usage aussi délicieux de la conjugaison !
Fiers (ou pas) de faire couler plus d'encre que nos voisins teutons,  nous entrons quand même pour vol... euh, acheter des chips.
Un matin, nous trouvons même assez de motivation pour aller courir le long d'une voie ferrée désaffectée, nommée « One Mile Jetty », pour 2.5 bornes de Far West authentique :




A l'extrémité, l'Heritage Precinct nous offre les superbes vestiges de trains exposés ou abandonnés.





Un tchou-tchou parcours la dernière portion de la voie, jusqu'à une plate-forme posée sur l'océan. Comme le dit Amélie, on voit rien et on comprend pas ce que c'est. Moi je sais, c'est pas beau et c'est 4$. Nous n'y allons donc pas.



Sur le chemin du retour, je prends un panneau en photo. C'est rigolo.



Revenons en à nos moutons, nous cherchons du travail ! Enfin Amélie oui, moi à moitié (pour ne pas étonner ceux qui me connaissent, j'ai préféré acheter une canne à pêche avec des crevettes pourries en guise d'appât). Cela ne nous empêche pas de faire les pitres en revenant du poulailler (fermé le jeudi... car nous y sommes allé un jeudi...) :



Marre de payer le camping, nous partons sur une aire de repos située à 40 bornes du centre ville. Coup de bol, c'est au bord du fleuve « The Gascoyne » ! Ni une, ni deux, je trempe ma ligne ! Après 3 crevettes laissées gracieusement à la friture, je fais ma première touche : un poisson minuscule, lamentablement suspendu au crochet par le trou de balle, qui finira quand même dans la poêle ! Une heure après cette prise honteuse, ma bassine frétillait non moins honteusement... les poissons de ce fleuve sont particulièrement cons : plus besoin d'appât, ils gobent tous la mouche de mes petits hameçons ! Bon, je pense que j'emmerde tout le monde avec ma nouvelle passion, voilà qqs photos :



Vendredi, ce fut donc full-poiscaille! Voici la poêlée du soir, suivie d'une photo de farine sur terre inutilement esthétique :





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